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Attachement et Relation de Couple

  • Ilona Paradian
  • 31 oct. 2022
  • 5 min de lecture

Cet article vise à expliquer comment le type d’attachement développé dans l’enfance a une incidence sur le vécu des relations affectives. La relation avec le conjoint peut être un lieu où se rejouent les schémas (dys)fonctionnels hérités de l’enfance, et il peut s’agir d’une possibilité pour les personnes insécures de les moduler et ainsi de réduire la souffrance qu’ils génèrent.


Un lien d’attachement se construit dans le couple et après 2 ou 3 ans environ, le partenaire amoureux devient la figure d’attachement principale. C’est le cas pour la majorité des sujets dans les sociétés occidentales. Ce lien d’attachement dans le couple se développe en quatre étapes (Zeifman et Hazan, 1997) :

- Étape 1 : période initiale du flirt. La nature des relations pendant cette phase favorise le développement d’un lien d’attachement ultérieur, à condition que le but de la relation ne soit pas exclusivement sexuel.

- Étape 2 : les partenaires commencent à tomber amoureux. Ils recherchent une intimité générale, non seulement sexuelle, ce qui génère un sentiment de sécurité. Les échanges vont commencer à concerner les émotions et l’histoire personnelle de chacun.

- Étape 3 : c’est l’étape où les partenaires sont amoureux. L’attraction sexuelle a moins d’importance et les échanges émotionnels prennent une grande place. La répétition de ceux-ci procure réconfort et sécurité. Le lien amoureux réduit le stress, au sens biologique du terme. Le partenaire devient par conséquent le havre de sécurité vers lequel le sujet va se tourner en cas de besoin.

- Étape 4 : La nécessité d’une proximité physique diminue. Le lien d’attachement est assuré, ce qui permet de mobiliser l’énergie psychique vers l’extérieur. La sécurité émotionnelle est construite dans le couple, et la séparation subie par l’un des partenaires provoque une profonde détresse.


Les étapes de ce processus sont altérées en cas d’attachement insécure à cause des schémas dysfonctionnels de l’enfance. Petit récapitulatif (cf. Article Styles d’attachement) :

- Les adultes avec un style d’attachement sécure : ils ont confiance dans les autres, ils sont capables de s’ouvrir émotionnellement, et ils s’impliquent dans des relations intimes à long terme. Ils ne redoutent pas l’intimité affective.

- Les adultes avec un style d’attachement anxieux : ils sont incertains quant au fait d’être aimés, d’être protégés et dignes d’amour. Cette incertitude craintive explique leur vigilance excessive, leurs besoins de réassurance et donc leur jalousie. Toute leur attention est centrée sur le partenaire du fait de la dépendance affective.

- Les adultes avec un style évitant : ils s’appuient sur eux-mêmes et non sur le partenaire, et ce même quand ce soutien serait indispensable à la survie et au développement optimal, et même s’il y a des enfants. Ils ont un besoin de contrôle sur la relation car ils redoutent toute proximité affective.


Comme dans toutes relations entre deux personnes, le comportement de chacun influence l’autre. Les schémas relationnels que nous avons établis dans l’enfance prennent ici leur importance puisqu’ils conditionnent la manière dont sera interprétée l’attitude de notre conjoint et par répercussion, notre propre attitude. Un même comportement de la part de son conjoint ne sera pas interprété de la même manière en fonction de notre type d’attachement.


Prenons deux exemples très caricaturaux pour mieux comprendre : pour une sortie entre copains, ma copine « sécure » se dit qu’il est normal que je prenne du temps avec mes amis / ma copine d’attachement de type « anxieux » y verra une volonté de s’éloigner d’elle et pourquoi pas une opportunité de la tromper, activant ainsi l’anxiété qui va de pair.

Autre exemple : Je donne une suggestion à mon copain « sécure » qui écoute mon conseil et décide s’il est opportun de l’appliquer / mon copain « évitant » le prendra comme une critique, voire une tentative de lui dicter ce qu’il doit faire. Bien entendu, ces exemples sont très largement exagérés et ces exemples d’attitudes ne peuvent être interprétés à eux-seuls. Il s’agit d’illustrer l’impact que les styles d‘attachement peuvent avoir dans la vie adulte puisqu’ils influencent la perception de soi, la perception des autres, nos croyances, nos émotions, nos compréhensions des situations,…


Les deux partenaires vont se retrouver confrontés aux représentations que chacun a de lui-même, des autres et des relations. Avoir une relation satisfaisante ne signifie pas avoir une relation sans conflit : ils sont normaux et salutaires. C’est davantage la manière d’y réagir, de trouver des solutions et la gestion des émotions qu’ils suscitent qui peut être problématique. Vous aurez compris que la résolution de conflits est un des nombreux aspects influencés par notre type d’attachement, tout comme la communication, la gestion des émotions, l’investissement affectif,…


La dynamique du couple variera considérablement en fonction de notre style d’attachement, et de celui de notre conjoint. On pourrait dire qu’il existe 3 combinaisons possibles (Pistorio, 2015) :

- Les deux partenaires ont un attachement sécure : ils sont capables de communiquer et de trouver des terrains d’entente lors des quelques disputes qui peuvent surgir, sans que cela génère de détresse. Ils réussissent à trouver un équilibre entre moments de proximité et moments en l’absence de l’autre. L’amour présent dans le couple est source de réconfort et n’est pas remis en question si l’autre n’est pas présent. L’autre est un soutien en cas de difficulté. Ils sont dans un partage et une régulation émotionnelle. L’image de l’autre reste positive, même en cas de désaccord. C’est finalement la combinaison qui permet le plus une satisfaction conjugale élevée.


- Un « couple mixte » (un sécure/un insécure) : La personne insécure va peu à peu intérioriser la sécurité que l’autre manifeste. Elle va développer au fil de la relation des représentations de lui-même et de l’autre moins négatives, et son angoisse d’abandon ou de proximité vont diminuer. Peu à peu, ses réactions face aux conflits seront plus efficaces et adaptées. La capacité de communication du conjoint sécure est un atout indéniable à la relation. La sécurité d’attachement favorise la vie intime et sexuelle dans le couple mixte.


- Les deux partenaires ont un attachement insécure : Le combo explosif étant d’un conjoint évitant (qui recherche l’indépendance et redoute la proximité) et l’autre anxieux (qui recherche la fusion et redoute l’abandon), puisque leur fonctionnement est à l’opposé, et qu’ils réveillent respectivement les angoisses de l’autre. Les peurs de chacun sont confirmées, ce qui cristallise d’autant plus les stratégies non-adaptées et les comportements dysfonctionnels. Pour les combinaisons évitant-évitant ou anxieux-anxieux, la satisfaction conjugale est également faible.


Il a été prouvé que des personnes insécures en couple de longue durée avec des personnes sécures, voient évoluer leur système d’attachement. Par exemple, des personnes évitantes, détachées, vont avec le temps davantage s’investir affectivement. De manière générale, les personnes insécures tendent à avoir une plus grande sécurité, puisque leur conjoint, grâce à leur attitude adaptée, leur démontre que les stratégies mises en place dans l’enfance ne sont plus utiles aujourd’hui. Par exemple, il n’est plus utile de se montrer « si froid » et méfiant envers notre conjoint, puisqu’il ne va pas obligatoirement nous rejeter comme nous l’avons été dans notre enfance (encore une fois, il s’agit d’un exemple exagéré pour illustrer le propos).


Il apparaît que le couple peut effectivement permettre d’expérimenter de nouveaux modes relationnels. Si les réponses comportementales et affectives du conjoint sont adaptées et stables dans le temps, les représentations que l’on a créées de nous-mêmes et des autres peuvent évoluer. Il est donc primordial de retenir que nos schémas relationnels peuvent s’assouplir, voire se modifier et que par la prise de conscience de ceux-ci et un travail personnel, il est possible d’orienter nos choix de partenaire de manière plus éclairée et plus saine. Il sera également possible de moduler notre manière d’entrer en relation avec l’autre (notre communication, notre façon de poser nos limites,…).






 
 
 

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