La Théorie de l'Attachement
- Ilona Paradian
- 31 oct. 2022
- 3 min de lecture
Tous les êtres humains sont concernés par la théorie de l’attachement puisque chaque être social que nous sommes va développer des liens affectifs. Cet article a pour but d’en exposer les fondements principaux et d’apporter quelques éclaircissements quant aux fonctionnements de chacun (pour un approfondissement, cf. Article Styles d’attachement).
L’attachement est un lien particulier qui s’établit généralement entre parent-enfant, et qui est déterminant quant à la construction de l’enfant. Chaque individu développe un style d’attachement, qui influencera la manière qu’il aura de se percevoir et d’interagir socialement et affectivement avec autrui.
J. Bowlby défend l’idée que l’attachement est un besoin primaire, au même titre que la nourriture, et que des carences affectives auront des conséquences sur la vie de l’individu. L’attachement est un lien affectif qui implique la notion de sécurité et de bien-être en présence de l’autre, nécessaires pour la socialisation et pour que l’enfant ose expérimenter le monde qui l’entoure. Les besoins fondamentaux du bébé se situent au niveau des contacts physiques, mais aussi dans l’investissement affectif et émotionnel de ses parents. Pour le dire grossièrement, les parents ne doivent pas uniquement être présents physiquement mais passer du temps avec l’enfant, être en interaction avec lui, jouer, témoigner son affection, réconforter, protéger, cadrer,…
En situation de danger, l’enfant doit pouvoir faire appel à sa base de sécurité, ses parents. Ils doivent répondre de manière cohérente et chaleureuse à ses besoins, permettant ainsi une relation dite « sécurisante » de se développer. Il ne s’agit pas de la quantité de soins, mais de la qualité relationnelle. Si l’environnement de l’enfant ne répond pas de manière adéquate aux émotions du bébé, il va alors se baser sur ses propres ressources et créer des stratégies protectrices, pour s’adapter à cet environnement défaillant.
Quatre styles d’attachement ont été décrit chez l’adulte : un attachement « sécure », trois attachements « insécures » (anxieux, évitant, désorganisé). Un enfant qui grandit et se développe dans un environnement maltraitant aura tendance à développer un attachement insécure, car l’environnement ne répond pas, ou de manière non-adaptée aux besoins de l’enfant (cf. Article types d’attachement).
La neurobiologie joue un rôle dans les comportements d’attachement. L’hormone appelée « ocytocine » favorise l’établissement du lien d’attachement mère-enfant et l’émergence de comportements maternels. C’est également cette hormone qui influence la formation du lien amoureux à l’âge adulte.
En fonction des expériences vécues dans l’enfance avec les figures d’attachement (les parents), chaque personne va se créer des représentations /perceptions de soi et des autres. Pour le dire simplement, l’enfant se construit des « schémas »/des grilles de lecture qui vont déterminer ses manières de comprendre et de réagir aux situations (au niveau de la pensée et des émotions) tout au long de sa vie. La vie amoureuse en sera ensuite extrêmement influencée (choix du partenaire, type de relation, réactions face aux conflits,…). Ces « schémas types », si l’on peut dire, guident donc l’individu en cas de situations interpersonnelles, aussi bien sur les comportements à adopter que dans la façon d’interpréter les conduites des autres. Tout le monde possède donc une image de soi (comme étant plus ou moins digne d’être aimé) et une image de l’autre (comme étant plus ou moins attentif et sensible à nos besoins).
L’individu va inconsciemment percevoir les évènements en fonction de ses expériences passées, ce qui peut parfois entrainer une mauvaise interprétation des évènements (à cause de cette grille de lecture erronée élaborée dans l’enfance). Aux vues de ce qu’il a vécu, il va agir de manière à se protéger en utilisant les stratégies développées dans l’enfance, stratégies plus ou moins adaptées. Cela va donc influencer la compréhension de la situation, les émotions associées, les comportements, notre façon de communiquer etc.
Prenons un exemple d’un point de vue émotionnel. Un enfant qui n’a jamais pu s’appuyer sur ses parents pour gérer ses émotions (le calmer, le rassurer, communiquer sur ce qu’il ressent, l’aider à affronter l’émotion,…), peut développer une stratégie de fuite émotionnelle. Il va anesthésier ses émotions n’ayant pas appris à les gérer, ce qui peut se montrer bénéfique à court terme dans certaines situations mais qui ne peut être sain sur le long terme, dans la relation à l’autre et pour son propre bien-être. En effet, l’émotion est simplement refoulée mais reste présente et n’est pas « traitée » ce qui a des conséquences multiples (anxiété, somatisations, conflits…).
Nos schémas relationnels vont s’activer chaque fois que nous sommes en lien avec un autre individu, et influencer nos pensées, nos comportements et nos émotions. Ces schémas peuvent se moduler en psychothérapie mais aussi par de nouvelles expériences relationnelles vécues, notamment au travers des relations de couple, système d’attachement privilégié de l’âge adulte (cf. Article Attachement et relation de couple).

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